Alice Zeniter remporte le Prix Goncourt des Lycéens 2017 !

Le Prix Goncourt des lycéens a été attribué à Alice Zeniter pour L'Art de perdre, jeudi 16 novembre à Rennes.

Treize lycéens représentant les 56 lycées participants se sont retrouvés à Rennes jeudi pour la délibération nationale et ont annoncé le lauréat vers 12h45. La remise du Prix aura lieu ensuite à 18h30 à la Fnac Ternes à Paris.

" L’Algérie dont est originaire sa famille n’a longtemps été pour Naïma qu’une toile de fond sans grand intérêt. Pourtant, dans une société française traversée par les questions identitaires, tout semble vouloir la renvoyer à ses origines. Mais quel lien pourrait-elle avoir avec une histoire familiale qui jamais ne lui a été racontée ?
Son grand-père Ali, un montagnard kabyle, est mort avant qu’elle ait pu lui demander pourquoi l’Histoire avait fait de lui un « harki ». Yema, sa grand-mère, pourrait peut-être répondre mais pas dans une langue que Naïma comprenne. Quant à Hamid, son père, arrivé en France à l’été 1962 dans les camps de transit hâtivement mis en place, il ne parle plus depuis longtemps de l’Algérie de son enfance. Comment faire ressurgir un pays du silence ?"
 Résumé de l'oeuvre sur Babélio

Nos élèves ont lu et apprécié L'Art de perdre d'Alice Zeniter, voici deux de leurs critiques :

 " Naïma sait d'où elle vient, mais personne ne lui en parle jamais. Son père Hamid  a vécu en Algérie toute son enfance, mais n'en parle plus depuis longtemps. Quant à son grand-père il est mort avant qu'elle puisse lui poser des questions. La seule personne qu'elle pourrait interroger, sa grand-mère Yema, ne parle  pas la même langue qu'elle. Comment vivre sans connaître l'histoire de sa famille, alors que de notre temps, les origines sont si importantes? L'art de perdre est un livre fabuleux, qui retrace l'histoire d'une famille durant plusieurs générations.  Nous commençons le livre avec l'histoire d'Ali, suivi de celle d’Hamid, et pour finir de celle de Naïma. C'est donc très intéressant de voir qu' au fil du livre, les temps changent, par exemple: Yema et Ali sont mariés de force, Hamid et sa femme sont tombés amoureux, et Naïma enchaîne les relations et les ruptures.(..)

J'ai adoré toute la première partie sur Ali, le livre parle très bien de la guerre et de ses problèmes. Par exemple avec cette phrase " En quoi ça sert l'Algérie si je meurs ? C'est pas lui rendre service. Moi je suis jeune, je suis fort et j'aime mon pays. Je veux être là pour le construire. Si les gars comme moi vont tous se faire tuer, qui va la construire, ton Algérie libre ? Les vieillards et les femmes ? " Cette citation m'a marquée car je trouve quelle explique bien le problème de beaucoup de guerres dans le monde, et c'est aussi une question que je me pose au quotidien sur tout ce qui se passe en ce moment.Il y a aussi toutes les questions sur les tyrans, je trouve qu'Alice Zeniter a parfaitement parlé du sujet "Ceux qui veulent assez fort le pouvoir pour l'obtenir, ce sont ceux qui ont des egos monstrueux, des ambitions démesurées, ce sont tous des tyrans en puissance. Sinon ils ne voudraient pas cette place."

Ce que j'ai aussi aimé, c'est qu'elle n'idolâtre pas un camp ou un autre, elle parle justement des deux, et exprime aussi très bien le choix que doivent faire les Algériens à cette époque, choisir entre rester en Algérie leur pays natal, où ils ont tous vécu eux et leurs ancêtres, ou partir en France où ils seront en sûreté et où rien ne leur arrivera. "Choisir son camp n'est pas l'affaire d'un moment et d'une décision unique, précise. Peut-être, d'ailleurs, que l'on ne choisit jamais, ou bien moins que ce que l'on voudrait. Choisir son camp passe par beaucoup de petites choses, des détails. On croit n'être pas en train de s'engager et pourtant, c'est ce qui arrive."

Finalement, ce livre est un très bon livre même si je le trouve trop long; il raconte très bien l'histoire de la guerre de l'Algérie et ce qu'elle a entraîné avec elle, pendant plusieurs générations. Je finirai cette critique en parlant de la phrase qui m'a le plus marquée dans tout le livre, "Ce qu'on ne transmet pas, ça se perd, c'est tout.Tu viens d'ici mais ce n'est pas chez toi ".  Un phrase très forte qui démontre bien tout ce qu'ont ressenti les générations qui ont suivi la guerre car elle semble priver d'une partie de leur passé les personnes qui n'ont pas connu le pays de leur famille ; personnellement, je pense qu'on peut se sentir rattaché à la terre de nos ancêtres sans y avoir jamais vécu. (…)

Enfin, ce livre m'a beaucoup touchée car l'histoire ressemble beaucoup à celle de ma famille: mon grand-père a quitté l'Algérie avec sa famille pendant la guerre et ne m'en a pas beaucoup parlé." Gabrielle Manhes (critique intégrale dans "Critiques en herbe")

" L’art de perdre est un livre progressif. A travers Naïma, on découvre l’histoire de sa famille kabyle, les traditions, le combat du FLN contre l’envahisseur, et la violence des combats ainsi que la difficulté de s’adapter à une nouvelle culture, quand on est réfugié. On suit également l’évolution d’Hamid, qui cherche à se libérer de son père Ali et de son passé douloureux. Ce livre est une ode à la jeunesse, la liberté et la résistance.

Nous avons plutôt apprécié le roman d’Alice Zeniter pour son profond témoignage sur la guerre d’Algérie. Elle-même issue d’une famille originaire de Kabylie, dans une fresque romanesque puissante et audacieuse, nous raconte le destin de cette famille vivant entre la France et l’Algérie, prisonnière d’un dur passé ". Garance Leloup-Inès Habibi-Néné Sy-Raffaëla Zinck

Pour nos élèves de la classe de seconde 6, l'aventure se poursuit puisque la classe est invitée à Rennes les 29, 30 novembre et 1er décembre, par l'association organisatrice du Goncourt Bruit de Lire.

Durant ces journées, rencontres, entretiens et ateliers ainsi que des divers rendez-vous nous seront proposés par l'association Bruit de lire en partenariat avec des acteurs culturels rennais. En voici un florilège :

– rencontre avec les auteurs et les académiciens Goncourt

– entretiens autour du livre et de l'écrit (éditeurs, critiques littéraires, libraires, bibliothécaires, scénaristes…                 

– atelier d'écriture géant

– présentation des livres en lice et lecture d'extraits par les élèves                                   

– projection de courts-métrages

Une programmation vraiment riche et alléchante, nous avons hâte d'y être !